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HISTOIRE DE DUMPHLUN

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Les archives liées à Dumphlun sont d'une très grande richesse. Les passionnés d'histoire nivernaise pourront retrouver ci-joint les deux publications de référence : 

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UNE MAISON FORTE DEVENUE UNE DEMEURE SEIGNEURIALE

Plusieurs orthographes du nom Dumphlun ont eu cours, comme l'a relevé Georges de Soultrait dans ses travaux sur l'histoire de la Nièvre : Dunflun, Dumflung, Dumphlain, Dumphlun (orthographe apparue au 18e siècle). Ce toponyme, d'origine celte, combine les racines "dun" (enceinte fortifiée) et "flun" (cours d'eau).

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Dumphlun s'élève sur un site occupé dès l'époque protohistorique, comme en témoigne un tumulus voisin à Cizely, au lieu-dit la Segangeotte. Fouillé dans les années 1850, il contenait un grand nombre de squelettes qui y étaient placés deux par deux (600-550 av. J.C.). On en a extrait une cinquantaine de bracelets de bronze, conservés aujourd'hui au musée archéologique de Nevers. La région des Amognes garde des traces nombreuses de communautés gallo-romaines (important sanctuaire dans la commune de Rouy).

 

Au Moyen Âge, une forteresse s'élevait le long de la route allant de Nevers à Château-Chinon, dans le pré dit du "Vieux Château" selon l'appellation figurant dans les plans cadastraux anciens. Pendant la guerre de Cent Ans, la Nièvre connut de nombreux combats et ce château de Billy faisait partie des places fortes comme VesvresMontigny ou Anlezy, luttant contre les Anglais et les Bourguignons, qui le prirent en 1428. Les ruines de ce château ont par la suite été démantelées dans les années 1840.

 

Le château de Dumphlun s'est développé au 15e siècle, probablement à partir d'une tour dominant la vallée de l'Andarge, qui subsiste aujourd'hui. Il appartenait alors à Philibert d'Anlezy, seigneur de Dumphlun, écuyer, homme d’armes en 1467, maître d’hôtel de la Comtesse de Nevers en 1475, mort avant 1489.

 

C'est de cette époque que remonte l'aile centrale du château, même si ce corps de logis a été remanié au 18e siècle avec, notamment, le remplacement de l'escalier en colimaçon rapporté en façade par une tourelle polygonale abritant le grand escalier actuel. Sur la paroi du premier étage figurent encore deux écussons de pierre appartenant à la famille d'Anlezy, décrits par Georges de Soultrait dans son Répertoire archéologique du département de la Nièvre.

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Au 16e siècle, un occupant notable est Imbert d'Anlezy, seigneur de Dumphlun, l'un des cent gentilshommes de la Maison du Roi, vétéran des guerres d'Italie, appelé à la fin de sa vie au service du jeune duc d'Alençon. Il lui dédia un livre sur la fortune, Liber Fortunae (1568), illustré par le grand artiste maniériste Jean Cousin le Jeune. A cette époque, Gabriel de La Perrière, Lieutenant général du Nivernais (1568), premier représentant du duc de Nevers Louis de Gonzague, est seigneur de Billy et de Bazoches. Sa fille, Françoise de La Perrière, qui épousa Jacques Le Prestre de Vauban en 1591, est la grand-mère paternelle du maréchal de Vauban.

 

A la fin du 16e siècle, Dumphlun appartient, à la faveur d'alliances, à différentes familles du Nivernais, notamment les Cossaye (mariage de Jacques de Cossaye, seigneur de Beauvoir, avec Gilberte d'Anlezy, petite-fille d'Imbert d'Anlezy).

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LES GRANDS TRAVAUX (17e- 18e siècles)

Au 17e siècle, Dumphlun passe à la famille de Rémigny. Paul, baron de Rémigny, Lieutenant général des provinces de Nivernais et Dionzais, marié à Marie-Chrétienne de La Perrière, s'y installe en 1642. Cette famille a été très influente à Nevers aux 17e et 18e siècles (on peut encore voir l'hôtel de Rémigny au 1 rue de Rémigny à Nevers).

 

A sa mort en 1682, une estimation de la succession décrit la terre de Dumphlun : « un grand corps de logis fort élevé, avec quatre grosses tours, une basse-cour bien bastie, une vigne à faire trente muids de vin, un grand jardin, terrasse, verger, tout enclos de murailles, il y a deux grandes allées de noyers, l’un qui va à la paroisse, l’autre au village de Dunflun ». Un dénombrement de 1685 mentionne « le chasteau, bastiments, colombier, ayzances et appartemens dudict chasteau et maison fort consistant en cours, jardins, prisons, vignes, vergers ».

 

Son descendant Jean-Baptiste de Rémigny (1710-1787) entreprit un vaste remaniement du château de Dumphlun. Des plans sont établis en 1739 pour rebâtir entièrement le vieux château suivant une disposition à deux ailes symétriques dans le goût classique. Ce projet n’est pas réalisé mais d'importants travaux sont entrepris entre 1777 et 1781. La tour ronde médiévale au sud est conservée ainsi que l’aile Ouest mais fortement remaniée. Un escalier dans une tourelle polygonale est accolé, côté cour, à l’aile Ouest, probablement sur les bases d’un ancien escalier médiéval. Une aile nouvelle est construite au sud. La plupart des grands bâtiments de ferme entourant Dumphlun datent également de cette époque.

 

Le nom de Rémigny est aussi associé à la figure du capitaine Luc-Angélique de Rémigny, issu d'une branche cadette, qui combattit avec sa compagnie en Nouvelle-France contre les troupes anglaises, notamment lors de la bataille des Plaines d'Abraham (1759), pour défendre la ville de Québec. En son honneur, la commune de Rémigny, au Québec (Canada), porte son nom.

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A l'issue de ces grands travaux, le château présente un plan en équerre avec une aile du 15e siècle orientée nord-est / sud-ouest, qui correspond à l’ancien logis seigneurial, à laquelle a été ajoutée, au 18e siècle, une aile plus importante orientée sud-est / nord-ouest. Ces façades présentent des baies à encadrement harpé, percées au 18e, à la même époque que la tour à cinq pans hors œuvre construite sur l'axe de symétrie de la façade d'arrivée. Elle renferme un bel escalier suspendu tournant à quatre paliers. L'aile 18e, éclairée par des fenêtres à linteau en arc segmentaire, présente un toit à la Mansart avec lucarnes à fronton cintré. En raison de cette articulation de deux bâtiments reliés entre eux au niveau de la tour, il est parfois fait référence au château de Dumphlun, dans les documents cadastraux du début du 19e siècle, comme les « deux châteaux ».

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LA FERME MODÈLE (19e - 20e siècles)

Pendant la Révolution française, le dernier marquis de Rémigny, Angélique-Louis Marie, disparaît à l'étranger ou en France. Il meurt en 1803, laissant un jeune fils survivant, Pierre-Nicolas de Rémigny, qui meurt à son tour en 1821. L'ensemble du domaine, château et ferme est acheté en 1814 par une famille parisienne, les Boucher. Ils font de Dumphlun leur résidence d'été et entreprennent d'y développer les dernières techniques agricoles.

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Vers 1875, la ferme de Dumphlun comptait ainsi parmi les plus importantes du département avec 135 ha de culture et de prés, 75 têtes de bétail, 144 têtes de cheptel sédentaire. Elle est restée dans l'histoire agricole de la Nièvre par ses innovations techniques (premières moissonneuses à vapeur) et ses élevages, notamment de chevaux (le premier poulain nivernais exporté aux États-Unis en 1887 se nommait "Dumphlun").

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Occupé par les troupes allemandes pendant la seconde guerre mondiale, le château de Dumphlun a échappé au sort du château voisin de Playnes, incendié par les nazis.

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Robert Guény (1904-1976) a été maire de la commune de Billy-Chevannes et président du Conseil général de la Nièvre de 1949 à 1964.

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